• Napoléon et Montereau... en quelques lignes

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    Campagne de France, Nangis,  le 17 Février 1814,  au bivouac de l’Empereur

    «  Après les défaites en Russie, et à Leipzig, la machine à gagner les batailles tourne à nouveau à plein régime. Sur la carte, Napoléon pique d’épingles de couleur rouge et noire les noms des villes ou des villages à mesure qu’il décline les grandes phases des opérations militaires. C’est la campagne de France où il affronte les armées de toute l’Europe coalisée. D’abord à l’est, avec les épingles noires, la marche sombre des armées d’invasion. Il a été vaincu à La Rothières, la ville de Troyes s’était montrée hostile. Epuisées, les très jeunes recrues, qu’on surnomme les « Marie-Louise » du prénom de l’Impératrice, ont déserté par centaines. Quant aux maréchaux, repus d’honneurs et de prébendes, ils souhaitent ouvertement la paix.  Et puis soudain, contre toute raison, les coalisés ont divisé leurs forces. C’est à celui qui entrera le premier dans Paris. Les Autrichiens menacent Melun et Fontainebleau, avec Paris en ligne de mire. Napoléon a immédiatement perçu la brèche. Contre les coalisés réunis, il ne peut rien.
    Séparés, ils sont prenables. Un par un.
    Les cartes l’ont convaincu et lui donnent raison. A l’ouest avec les épingles à tête rouge, il pointe avec gourmandise Vauchamps, Champaubert, Montmirail. Là, il a battu mais pas détruit Blücher. Ce sera pour plus tard. Laissant les maréchaux Marmont et Mortier en couverture face aux Prussiens, l’Empereur choisit d’anéantir Schwarzenberg. Il décide de prendre hardiment l’Autrichien à la gorge. Montereau sera l’endroit de la mise à mort ».

    D’après « Le Marie-Louise de l’Empereur » roman d’Alain Drèze



     

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    18 Février 1814, 14h , le tournant de la bataille…

    Toute la matinée, le maréchal Victor, chargé par Napoléon de s’emparer des ponts, a tenté en vain de bousculer les coalisés défendant le plateau de Surville.

    Lorsque l’Empereur constate l’échec de Victor, il rentre dans une de ses colères légendaires, le destitue et le remplace par le général Gérard.

    L’artillerie coalisée cause des ravages mais cinquante pièces de canons vont bientôt réduire au silence les bouches à feu wurtembergeoises, et permettre aux Français  de manoeuvrer.

    L’Empereur laisse la Garde Impériale à hauteur de  Forges, et ordonne l’attaque des Ormeaux, de Surville, et de la droite coalisée aux environs de Courbeton. Partout les Français progressent.

    Tant et si bien que le prince de Wurtemberg qui a, jusqu’ici, pu garder les ponts, quitte le champ de bataille.

    Petit à petit, les troupes coalisées reculent, puis font retraite, créant un véritable encombrement d’infanterie, de cavalerie, et d’artillerie mêlées sur les ponts, dont profitera le général Pajol aux alentours de 16 heures, pour mener à bien la charge de cavalerie héroïque qui précipite l’issue de cette bataille.

    C’est le début de cet épisode décisif qui est représenté par la maquette au centre de cette salle.




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    18 Février 1814
    « J’ai eu une bien belle affaire à Montereau… » :

    « … j’ai eu une bien belle affaire à Montereau (…) (Les wurtembergeois) ont été culbutés et on ne leur a pas donné le temps de couper le pont, ce qui est un avantage inappréciable. On leur a pris des généraux et fait 3 à 4000 prisonniers, ils ont eu à peu prés autant de monde de tué (…) La nuit malheureusement nous a empêché de continuer nos succès … »

    Napoléon 1er raconte ainsi la bataille du 18 février au général Clarke, ministre de la Guerre, dans une lettre datée de « Surville prés Montereau le 18 février au soir ».Revêtu de la signature abrégée autographe de l’empereur (« Nap »), ce document, acquis par la Ville de Montereau en 1997, est exposé ici. Napoléon y développe ses griefs envers le maréchal Victor: «  Sans (sa) négligence (…), j’aurai probablement pris cette position dés le premier jour, l’ennemi n’ayant encore fait aucune disposition pour la défendre. J’ai renvoyé le maréchal, qui n’a jamais eu de grands talents, mais qui est devenu d’une négligence et d’une paresse sans exemple…».
    Le départ de Victor du champ de bataille est représenté sur la maquette dans cette salle.



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    18 Août 1967
    Quatre sabots au sol …
     
    Montereau possède une des rares statues équestres de l’Empereur.
    Elle fut commandée par la Ville de Montereau en Août 1862 au  sculpteur Charles-Claude Pajol, le propre  fils du général qui s’est illustré à Montereau. Les quatre sabots sont au sol, ce qui signifie que son cavalier est mort dans un lit ! Son socle est orné de bas-reliefs représentant la charge de la cavalerie du Général Pajol, et Napoléon pointant lui-même le canon depuis Surville.
    L’Empereur tend un doigt vers l’est pour indiquer à ses troupes la direction dans laquelle les troupes coalisées ont fui devant les troupes françaises.
    Son inauguration le 18 Août 1867, sous le Second Empire, a été l’occasion d’une grande célébration populaire.
    Cette statue a bien failli être réquisitionnée et fondue par les occupants en Février 1944, mais son intérêt touristique et artistique l’a sauvée.